Il existe un vaste territoire divisé par des frontières captieuses où la parole habite aux confins entre le ‘je’ et le ‘nous’. La parole est habitée par la voix – qui lui donne son timbre et sa texture –  ; le ton – qui lui fournit son sentiment et sa personnalité –  ; les mots – qui la peuplent de langues, de pensées, de paradigmes –  ; de rythmes et de mélodies – qui la renvoient à ses origines. Cette densité rend la parole moucharde, elle expose sans cesse celleux qui parlent. C’est l’une des raisons pour lesquelles prendre la parole n’est pas une mince affaire, et selon les circonstances peut devenir une question de vie ou de mort. Malgré tous les dangers qu’elle engendre, la parole me fascine, c’est pourquoi elle est devenue l’une des matières premières de mon travail. Je m’attelle donc à créer des pièces sonores où la parole occupe une place centrale. Pour leur création je suis constamment à la recherche des résonances entre différentes matières sonores pour ensuite les faire cohabiter dans l’espace-temps d’une bande son. J’écoute, enregistre, réécoute, découpe et recolle des sons de nature diverse pour en créer des dialogues. Une bonne partie de ces matières, particulièrement les paroles, proviennent de l'enregistrement des dialogues que j’entretiens avec des personnes qui me captivent. Le reste ce sont essentiellement des ‘sons trouvés’, qui ont déjà été enregistrés et diffusés par différents médias. Les bandes son produites sont toujours multilingues et disponibles sur internet.