Sur le tapis, on tisse des liens, on brode des révolutions. Dans l'écho des coquillages, iels racontent leurs histoires et réinventent des mondes. Des bulles d'air sous l'eau, des espaces de possibles, de rêverie et d'espoir.
Ma pratique d'artiste-pédagogue s'infiltre dans divers contextes, dont celui du système d'éducation primaire genevois (enseignement généraliste et spécialisé). J'y développe des ateliers d'écopédagogie critique, qui ont comme point de départ les mythes cosmogoniques. Ces mythes du début me permettent d'ouvrir des discussions sur l'écologie, les ontologies, l'astrologie, la colonisation, les traditions... Les échanges autour des différentes conceptions du monde exposées dans les mythes sont le point de départ des activités créatives que je propose. Celles-ci sont pensées comme des outils que les élèves peuvent s’approprier de manière autonome afin qu’iels développent leur propre mythe, leur propre histoire et ainsi qu’iels adoptent une posture active et critique du monde.
La création de nouveaux récits est pour moi cruciale afin de combattre des mythes comme ceux du progrès infini, de la compétivité et de l’absolutisme scientifique, qui sont sources de domination et d’exploitation du vivant.
Le projet présenté a été développé avec une classe intégrée (CLI EP En-Sauvy) regroupant 5 enfants de 7 à 9 ans: Lara, Artea, Gabriel, Loris et Leah. Ensemble nous avons entamé une discussion autour de différents mythes cosmogoniques. Chaque élève a ensuite développé sa propre histoire dans un livre personnalisé. Puis, nous avons cousu ces histoires en un tapis collaboratif. Ce tapis représente une hétérotopie telle que théorisée par Foucault: un contre-espace de la salle de classe, une utopie située, dédiée à l’imaginaire et à l’autogestion.
Finalement, une installation sonore a également été créée avec les élèves afin de rendre compte du processus de création qui a duré d'octobre 2020 à juin 2021.